A travers les Alpes Suisse (2ieme partie)

 

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Ce matin, c'était notre dernier déjeuner en Suisse avant de passer en Italie.

Je sais, c'est un peu ambigue avec le titre, c'est parce qu'en fait, à ce moment là, nous sommes passés en Italie seulement deux jours, dans la vallée Formazza. J'ai englouti une carafe de café, 2 bols de céréale, 3 tranches de pains avec du fromage et 2 autres avec de la confiture pour le dessert. La randonnée c'est éprouvant! Bien heureux sont les gens qui vont nous inviter à manger à notre retour!

 

La météo n'a pas changé et la montée vers le Griesspass (2479m) a commencé par un temps gris qui s'est transformé en averse. On a à nouveau pris de l'eau sur la gueule, ainsi que de gros blocs de roche qui se détachaient d'un éboulis géant. Arrivé au Griesspass, les ouvriers qui travaillaient sur les lieux (ils construisaient peut-etre une nouvelle télécabine) ne nous ont pas laissé nous poser dans leur local pour nous réchauffer. Un petit flashback de Munster est passé dans ma tete: En Suisse, c'est comme ça, meme trempé et dans le froid, tant que tu peux bouger, tu peux marcher, du balai!

 

La pluie s'est changée en neige et un vent gelé nous figeait sur place. Comment? Nous n'avions pas pensé aux gants et aux combinaisons de ski? Nous qui avions prévu de marcher dans les déserts californiens? On se rassurait en s'imaginant un rideau à la frontière et que le soleil nous attendait derrière. Après tout, c'était l'Italie là-bas! Mais non... le temps a continué à empirer meme si nous descendions, et l'état de nos mains aussi. Dans la clairière plus bas, on a aperçu 3 cabanes. Nous croisions les doigts (en évitant de les briser) en nous en approchant. Les Alpes Suisse ou Italienne, meme combats! Les 3 cabanes étaient verouillées (meme blindées vu la taille des cadenas). Nous avons ressenti une profonde injustice! Surtout que deux d'entres elles étaient en piteux état. Je ne vois pas ce qu'il pouvait y avoir à détériorer à l'intérieur. Mariane était vraiment découragée et mourrait de froid. Elle ne pouvait plus bouger. Malheureusement, pas de Suisse à l'horizon pour nous dire “ok ok c'est bon, vous pouvez entrer vous abriter”. J'ai monté la tente en urgence, les doigts gelés, sous la neige et dans la roche. Après avoir tordu casi toutes les piques, j'ai réussi à la planter entre deux cours d'eau, en espérant que le niveau n'allait pas monter. Nous nous sommes déshabillés et réchauffés dans les sacs. Nos affaires de pluie étaient trempées et j'ai du les laisser dehors.


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La neige a tendance à affaiser les parois des tentes de mauvaise qualité. Il fallait donc taper sur la tente régulièrement pour ne pas finir aplati. Il a neigé toute la nuit et ça continuait le matin. Mariane pensait que sa fin était proche et là j'ai commencé à paniquer. Nous avons arreté un 4X4 de gardes forestiers pour leur demander de nous descendre à Riale. Ils ont accepté et 30 minutes plus tard, nous étions aux pieds d'une pension, comme si nous avions utilisé un portail de téléportation de Star Trek.


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Le prix de la pension était malheureusement lui aussi d'une autre planète...90€ la chambre. Mais nous n'avions pas le choix à cause des mauvaises conditions météos et des nos équipements incompatibles. Au moins, il y avait une douche à jets massants que nous avons fait tourner une heure et le petit déjeuner était sensass!


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La journée suivante est passée super vite. Monté au refuge Sta Mania (2156m). Il s'est remis à pleuvoir, mais cela n'a pas duré et déjà, dans la monté de Valmaggia, le beau soleil refaisait son apparition. Deux marmottes célébraient l'évènement en s'amusant dans les roches, aucunement perturbées par notre présence.


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Dans la descente vers Robiei (1956m), il y avait une déviation apparente du sentier. Un peu plus bas, nous avons compris pourquoi. Il y avait une cabane de l'autre coté de la rivière qui avec cette déviation, devenait inaccessible. J'étais choqué! Quelqu'un s'était plaint ou avait carrément modifié le balisage pour etre sur que personne ne vienne squatter la cabane. Heureusement, nous avons trouvé une autre cabane qui, à ma grande surprise, était ouverte. On était vraiment heureux. Les cabanes sont toujours les meilleurs endroits au monde après un après-midi pluvieux! Et ma Mariane était magnifique.


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Au petit matin, le ciel était grand bleu! Enfin! La nuit avait été assez courte, car la cabane laissait passer l'air par des trous dans le mur, nous empechant de dormir.

 

Encore de gros dénivelés. Ascension de Pce di Braga (2600m) et puis descente à Piano del Peccia (840m) sur des sentiers destructeurs d'articulations (blocs, racines et bottes d'herbes trompeuses). J'y ai découvert une nouvelle espèce animale : le vachours dont les adultes ressemblent aux pétosaures dans l'univers de Lanfeust.


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Il nous tardait de pouvoir nous reposer et trouver un endroit pour la nuit. Mais dans la vallée, chaque parcelle de terrain était cloturée. Nous nous étions finalement rabattus sur un champs sauvage, mais une dame nous a chassé. Elle parlait français et a été choqué que l'on veuille camper dans le champs (???).

“Bienvenue dans le nouveau monde! Si vous voulez camper librement dans la nature, faite-le mais cachez vous!”. Cela nous a forcé à trouver une place plus discrète un peu plus bas.

 

Pendant que nous marchions dans la vallée de Peccia, nous discution Mariane et moi des premières impressions du voyage. Nous sommes arrivés à la conclusion que l'expérience était très agréable, mais que notre confort de Montréal nous manquait également. En pensant à Montréal, on ne pensait pas à la ville, mais à notre petit chez-nous, à nos délires quotidiens, à pouvoir cuisiner ou choisir le livre qu'on veut quand on veut, à s'empifrer de chips dans le lit en regardant un film... Une autre richesse qui nous a paru importante, à ce moment là, était de pouvoir apprendre. Et Mariane m'exprimait son impatience de commencer ses nouvelles études. Nous étions dans notre phase de transition à l'état nomade. Les deux styles de vie nous paraissaient aussi bien l'un que l'autre. C'était un très bon sentiment, car il nous a apporté la légerté de pouvoir arreter la marche quand nous le souhaiterions, car l'autre vie qui viendrait par la suite était également attirante.

A ce moment là, nous avions deux grosses frustrations dans le projet: le manque de contact avec les gens et le prix de la vie de bohème. Nous nous privions beaucoup et pourtant dépensions autant que lorsque nous étions à l'appartement. La Suisse avait été, pour cela, un pays difficile, car extremement cher en alimentation et le mois de juillet pluvieux très démotivant. Nous nous sommes arretés un peu plus tot ce jour là afin de profiter d'une cabane et d'un peu de temps libre.


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Descente au village de Sonogno... C'était décidé, il fallait que nous changions de réchaud. Les 10 jours à manger des repas froids devenaient lassants et dévoraient nos économies. Plusieurs possibilités étaient envisagées: prendre le bus d'ici vers Locarno pour peut-etre trouver des bouteilles de gaz ou continuer à marcher jusqu'à Biasca qui semblait etre une ville assez grande pour ce type d'achat. Nous avons eu notre première pause gourmande du voyage en nous commandant 2 glaces et une boisson chacun. J'ai découvert la rivella, une boisson fait à partir de lait, qui m'a beaucoup plu. Après consultation des prix du bus, l'option Locarno était éliminée, car l'aller-retour coutait 38 francs par personne! Pour la nuit, nous nous sommes installés dans le chapiteau qui servait de salle de réunion.


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Nous n'avons acheté que du pain à Sonogno, car la seule épicerie était une épicerie de produits typiques hors prix, et ce fut avec de pauvres rations que nous sommes partis pour la cabane d'Efra (gruau, paté et chocolat). Sur la route, nous avons croisé une allemande qui faisait le ménage de sa cabane et nous avons remarqué les réchauds étalés à l'extérieur. C'était exactement ce dont nous avions besoin. Elle ne les vendait pas, mais nous a dépanné en nous donnant un réchaud de survie qui nous a été bien utile.

 

Arrivé à la cabane d'Efra, il était encore tot et nous aurions pu avancer un peu plus si mon dos, lui, ne m'avait pas signalé qu'il ne partageait pas les memes ambitions. Je n'avais jamais eu de grosses douleurs au dos et ça m'a fait pas mal flipper! Dès que je remettais le sac, je sentais un nerf ou un muscle qui me tirait jusqu'à ce que je ne parvienne tout simplement plus à le lever. Heureusement, nous étions très proche de la cabane. Nous y sommes descendus en espérant que la blessure ne soit pas trop grave. La cabane fonctionnait d'une façon que je n'avais jamais vu. La cuisine, la nourritures et les boissons étaient mis à disposition des visiteurs. Une fiche des prix de passage et de chaque article était affichée avec une caisse pendue au mur. Il était possible de payer en liquide ou par autorisation de virement. C'était l'endroit parfait. Nous allions enfin pouvoir manger chaud et il y avait meme des jeux de cartes.

C'est dans cette cabane que j'ai appris à jouer à la "Patience Russe" qui allait devenir notre grand jeu classique. Nous sommes restés deux jours, profitant de la cuisine pour faire de gros repas de pates et une profusion de café. Comme il y avait beaucoup de visiteurs, nous avons planté la tente en contrebas pour etre plus tranquille la nuit. Lors du repas organisé du club alpin local, nous avons eu droit à un repas avec dessert du chef. Nous serions surement restés un jour de plus, mais les groupes de 28 personnes à chaque soir nous ont fait changer d'avis.


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Le lendemain, nous avons pris la direction de Biasca où nous espérions trouver un réchaud plus adéquat et prendre un peu de temps pour que nos blessures guérissent (mon dos et le pied de Mariane). En descendant la vallée, nous entendions déjà le bruit du traffic. Encore une fois, nous regrettions notre confort du Québec: un lit douillait, un sac de chip, un film et la pluie derrière la fenetre.

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